Initialement, l’expérience de la maternité a positivement et profondément modifié mon rapport au temps et à la création. Elle m'a permis de tirer une nouvelle force de ma vulnérabilité. Cependant, les exigences de la parentalité m’ont vite rattrapée. Insidieusement, l’impression d’y disparaître a pris toute la place. C'est alors que la photographie argentique est venue redonner forme à mon besoin d’exploration artistique en m’offrant, ni plus ni moins, qu'une échappée.

Dans mon monde saturé de responsabilités, me rendre à l’atelier est devenu quasi impossible. Alors que de trimballer en tout temps un appareil photo m’est tout naturel.  J’ai repris l’envie d’aller puiser autant dans mon quotidien que dans mes errances les motifs et les sujets de mes propositions artistiques. Paradoxalement, c’est en figeant et en suspendant des instants que j’ai retrouvé la possibilité de me mettre en mouvement.

La photographie a toujours fait partie de ma vie, mais elle joue désormais un rôle qui dépasse la simple source d'inspiration pour ma peinture. Elle me permet d’embrasser une autre temporalité, plus fragmentée, mais plus immédiate. C’est un acte de résistance, une manière de dire « je suis là » et j’existe encore, au-delà des rôles que l’on attend de moi.

L’image photographique m'offre une prise directe avec l'éphémère. Je m’y glisse jusqu’à devenir moi-même une surface photosensible à la fois évanescente et présente. Dans cette courte résidence, je vais, pour la première fois, chercher à donner un corps à mes images photographiques.

Isabelle Guimond vit et travaille à Montréal, elle est représentée par la Galerie Simon Blais depuis 2018 et enseigne au Cégep du Vieux Montréal depuis 2023. Ses œuvres ont été présentées au Québec, en France, aux États-Unis et au Mexique. Au cours des dernières années, on a pu voir son travail au Institute of Contemporary Art (Baltimore), à la Galerie Néon (Lyon) à la Galerie de l’UQAM, à la Galerie B-312, au Centre Skol, à la Galerie d’art d’Outremont, à la Galerie Laroche/Joncas, à la Galerie Trois Points, à la Maison de la culture Maisonneuve et à la Galerie Simon Blais. Elle a en outre effectué des résidences au Centre SAGAMIE, à L’Écart (Rouyn-Noranda) et à Pigment Sauvage (Baltimore) avec le collectif Filles Debouttes ! (Christine Major et Gabrielle Lajoie-Bergeron). Elle a participé à plusieurs expositions collectives, foires et événements-bénéfice.