Ce projet s’inscrit dans une recherche plus globale sur le médium photographique où deux parties distinctes serviront de prémisse. Les recherches actuelles portant sur les transformations des papiers photosensibles non développés et non fixés qui changent continuellement de couleurs, il s’agira d’essayer de capter — grâce à la numérisation — des états spécifiques de cette transformation qui seront ensuite imprimés en grand format. Alors que cette première partie de la recherche s’intéresse au moment présent, la seconde s’intéressera davantage au passé — et à sa contribution au présent — en numérisant un corpus de photos d’archives qui témoigne de la mémoire et de l’oubli. Mises en dialogue, ces deux parties proposeront de révéler d’une part, l’effacement du présent, et d’autre part, la réapparition du passé.

Artiste de Montréal complétant actuellement une maîtrise en beaux-arts à la School of Art de l’Université du Manitoba (Winnipeg), Benjamin Perron combine des études en sociologie et en arts. Il adopte une perspective sociologique dans son approche artistique. « Je m’intéresse à l’art et au médium photographique dans nos sociétés contemporaines en employant des procédés alternatifs et expérimentaux, généralement lents et d’impression unique en opposition à l’accélération de la société et la multiplication des images numériques. » Par ailleurs, il accorde une importance particulière à la récupération et à la réutilisation de matériel trouvé ou donné. Il façonne des œuvres à partir d’éléments dévalorisés ou qui ont perdu leur valeur initiale, que ce soit le papier photographique expiré ou les mauvaises herbes. Il questionne aussi les normes de la photographie, tant dans les procédés que dans les stratégies d’exposition, de façon à créer une expérience visuelle permettant d’entrer en relation avec les images tout en questionnant le médium utilisé.